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Blacklephant Éditions a les honneurs de l’Équipe

Une contre-histoire du baseball


Le livre « Une histoire populaire du baseball » retrace dix parcours étonnants, dont celui de Bonnie Baker, pionnière du baseball féminin professionnel. (AAGBL)

Le livre « Une histoire populaire du baseball », signé Gaétan Alibert, présente des héros méconnus qui ont, eux aussi, façonné à coups de batte la société américaine.

Si, par sagesse, vous vous épargnez les plaisirs masochistes de jouer au baseball dans un club français ou de supporter les Dodgers ou les Giants à 10 000 kilomètres de chez vous, cette info de taille vous a échappé, c’est sûr : en 2025, deux équipes de Major League Baseball (MLB) s’affronteront en France. Des géomètres de la ligue américaine ont déjà tenté mentalement de caser le quart de camembert que dessine un terrain de ce sport dans la pelouse rectangulaire du Stade de France, c’est dire si le rêve est près de se réaliser. Cette MLB Paris Series aura le goût de la consolation pour les amoureux français du baseball. Ils ont vu leur discipline effacée des Jeux de Paris 2024, chez eux, et la savent compromise pour 2028 à Los Angeles, au pays où elle est née.

Plus que les subtilités du jeu aux règles absconses, c’est la vie de personnages peu connus que raconte Une histoire populaire du baseball, monumental ouvrage de Gaétan Alibert. Son léger accent rappelle les Cévennes qu’il a laissées il y a une quinzaine d’années pour monter à Paris, embrasser le sport dont il était tombé amoureux en regardant un animé. Ce policier de 43 ans, spécialisé dans l’écoute et le conseil des victimes de violences sexuelles, a commencé au PUC (Paris Université Club), le club doyen aux 22 titres en Championnat. Depuis, l’auteur partage via quantité de podcasts et sites spécialisés sa boulimie de culture baseball (son conseil lecture : L’Art du jeu, de Chad Harbach, JC Lattès).

Bill Veeck, qui orchestra la mort du disco en 1979

Contrainte radicale, il a tissé son histoire populaire (comprendre : pour tous) à travers une sélection de cinq femmes et cinq hommes, sélectionnés pour ce qui l’a l’émerveillé chez eux. Contournant les statues convenues (Jackie Robinson, Joe DiMaggio…), on y découvre ceux qui ont traversé la société américaine à grands coups de battes dans les institutions, la ségrégation et le sexisme. Comme Bonnie Baker, pionnière du baseball pro féminin, Edith Houghton, joueuse surdouée des années 1920 et volontaire dans la Navy ou encore Bill Veeck, propriétaire spectaculaire qui orchestra la mort du disco en 1979 lors d’un match où les spectateurs étaient invités à venir avec un disque à brûler.

On suit aussi avec gourmandise le premier match organisé en France à la faveur d’une tournée promo de A. G. Spalding (oui, celui des ballons). La partie entre joueurs pros américains s’est tenue en 1889, près de l’actuel Trocadéro, en face d’une tour Eiffel en construction. Son sport à peine né, Spalding clamait que notre pays, rompu aux finesses d’une autre discipline de batte, la thèque, serait l’autre grande nation du baseball. Sa prophétie ne s’est pas vérifiée. Mais un possible Chicago White Sox-Cincinnati Reds à Saint-Denis pourrait mener les accros français au bout de leur rêve.