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« 101 ans, Mémé part en vadrouille » dans Le Populaire du Centre

Faire un road-trip de 3 ans en camping-car à 100 ans c’est possible : Fiona Lauriol vient le raconter en Haute-Vienne

Fiona Lauriol et Dominique Cavanna

Avec son livre 101 ans Mémé part en Vadrouille, Fiona Lauriol vient à Solignac raconter le road-trip qu’elle a fait avec sa grand-mère centenaire, ce qui a sauvé la vieille dame d’une mort annoncée. L’autrice fait le tour de France pour présenter cette aventure et échanger sur les moyens de lutter contre la mort sociale des personnes âgées.

« Quand on m’a dit que ma grand-mère de 100 ans n’avait plus qu’une semaine à vivre, je n’ai pas supporté de la savoir mourir seule. J’ai pris ma voiture et fait 500 kilomètres pour la ramener chez moi à? La Faute-sur-Mer en Vendée », raconte Fiona Lauriol. Cent ans, une perte récente de 15 kilos, un sarcome… Voilà ce qui expliquait l’affirmation venue de la maison de retraite de la Région Parisienne où vivait Dominique Cavanna en 2017.

Au lieu de suivre ce conseil d’un médecin : acheter un cercueil

« Une fois arrivée chez moi en Vendée, j’ai pris contact avec un généraliste. Il a dit que tout ce que j’avais à faire, c’était d’acheter un cercueil. Il l’a dit devant ma grand-mère?! », se souvient la jeune femme.

Heureusement, un infirmier est ensuite venu quotidiennement pour ses soins. « Il m’a appris à les faire, à gérer les médicaments. Je l’ai fait manger. Elle a repris son poids, allait mieux. Mais un jour, je suis entrée dans sa chambre. Elle fixait le mur blanc. C’était si triste. Je me suis dit : c’est tout ce que tu as à proposer à ta grand-mère ce mur blanc à fixer?? ». Alors, Fiona Lauriol lui lance : « je t’emmène faire le tour du monde en camping-car?! »

Chose promise, chose due : sillonner le monde

En camping-car, soutenue par ses parents Thierry et Fosca Lauriol qui suivent en fourgon, Fiona Lauriol sillonne le sud de la France, l’Espagne et le Portugal avec sa grand-mère de 2017 jusqu’au 29 juin 2019. À cette date, à 103 ans, 3 mois et 3 semaines, Dominique Cavanna a quitté ce monde. « En paix, dans son sommeil », précise sa petite-fille, qui avait fini par la croire immortelle.

Après ces « 3 années de folie, à faire en sorte à ce que sa grand-mère puisse croquer la vie jusqu’au bout », Fiona Lauriol agit pour lutter contre l’isolement et la mort sociale des personnes âgées. « Le syndrome du mur blanc, l’ennui, cela les détruit. Comme tout le monde, elles ont besoin d’avoir un but, des perspectives ».

Elle lui avait promis, elle l’a fait, écrire un livre pour raconter leur voyage. 101 ans Mémé part en Vadrouille s’est vendu à ce jour à 10.000 exemplaires. Il va être porté à l’écran et sera traduit, notamment en italien.

Un tour de France pour créer une communauté

Femme de parole, Fiona L’auriol a tenu cette troisième promesse, se rendre dans le village natal de sa grand-mère dans le nord de l’Italie. Là, elle a retrouvé quelques-unes de ses copines d’enfance, âgées 100, 98 et 95 ans.

Aujourd’hui, elle s’est donnée un an pour faire un tour de France afin de délivrer son message avec des rencontres et conférences. « Grâce à cela et aux réseaux sociaux, nous voulons créer une communauté qui partage des solutions trouvées pour que les personnes âgées ne soient plus exclues de la vie sociale. Ce peut être les logements associant étudiants et seniors par exemple, ou encore faire venir les aînés dans les crèches. Cela existe déjà. Plus nous serons nombreux, plus nous pourrons échanger, plus nous pourrons faire entendre notre voix et interpeller nos députés ».

Le road-trip n’est pas terminé. Fiona Lauriol, qui avait l’intention dès l’enfance de faire le tour du monde, a encore une promesse à tenir. « Ma grand-mère voulait découvrir tous les pays dont le nom se termine par “ie” comme sa terre d’origine, l’Italie. Alors, la prochaine destination sera la Roumanie », sourit-elle.

Des relations transformées

Un dernier point interpelle. Avant ce voyage, Fiona Lauriol ainsi que ses parents ne s’entendaient pas avec cette grand-mère au caractère radical de “mama italienne”.

« Elle voulait me marier dès mes quinze ans. Elle n’a jamais compris mon indépendance. Quant à ma maman, elle n’a pas supporté le mariage d’amour qu’elle a fait avec mon papa Thierry. Pour elle et selon la tradition italienne, le mariage devait résulter d’un choix de la famille. Lors de ce périple et en 3 ans de vie ensemble, nos relations se sont transformées. Ma mère a retrouvé la sienne. J’ai découvert ma grand-mère et réciproquement, même si elle n’a jamais lâché sur l’idée de me voir mariée », sourit la petite fille, qui aime son célibat.