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« Brèves d’Ehpad » dans le Télégramme

« Brèves d’Ehpad » : les savoureuses petites phrases de nos aînés compilées par Caroline Gros

Après avoir passé une dizaine d’années dans les Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), Caroline Gros nous offre « Brèves d’Ehpad », une compilation savoureuse des bons mots de nos aînés.

Dans son ouvrage « Brèves d’Ehpad », Caroline Gros, qui a travaillé une dizaine d’années dans ces structures accueillant les personnes âgées, compile les bons mots de nos aînés

C’est un livre plein de tendresse, mais sans complaisance, que nous propose ici Caroline Gros. Titulaire d’un master en sciences de l’éducation et cinéaste amateur, elle est aujourd’hui consultante en évolution professionnelle. Et si elle a tourné la page de son parcours en Ehpad, elle n’en a pas moins gardé une affection toute particulière pour tous ceux et celles qu’elle a côtoyés durant une dizaine d’années.

Humour et franc parler

Pour un premier ouvrage, qui en appellera sans doute d’autres, l’auteure, installée dans le sud-Finistère et éditée par Blacklephant Éditions, une maison d’édition alréenne, a voulu proposer cette compilation bourrée d’humour, un rien nostalgique, parfois caustique sur nos anciens et leur franc-parler. Des femmes et des hommes dont elle a précieusement noté chaque bon mot, chaque expression. « J’écris beaucoup pour moi. Pour avoir des idées de scénarios… J’ai eu envie de les faire partager parce qu’ils en disent long sur nos aînés dont beaucoup, malheureusement, ne sont plus là », explique Caroline Gros.

« Je ne comprends pas pourquoi les vieux meubles prennent de la valeur et pas nous !Je ne comprends pas pourquoi les vieux meubles prennent de la valeur et pas nous ! »

À travers cet ouvrage, on retrouve tout l’esprit des brèves de comptoirs, petites phrases lancées à l’emporte-pièce qui retrace des morceaux de vie. Comme celle de René, le jour de ses 100 ans : « Je ne sais pas ce que j‘ai aujourd’hui… Je me sens légèrement fatigué ». Ou d’Alice, 92 ans, sortant de chez le coiffeur : « Aujourd’hui je suis jolie, j’ai une tête de coquelicot ».

« Bois Joly, quel drôle de nom pour une maison de retraite, j’aurais plutôt appelé ça Kenavo »

Des petites phrases pleines de bon sens comme Éliane, 92 ans : « Je ne comprends pas pourquoi les vieux meubles prennent de la valeur et pas nous, c’est triste quand même ! » ; pragmatiques comme Rolland, 92 ans : « On en a dit des bêtises, il y a des choses qui ne sont pas trop à raconter. Ce n’est pas grave de toute façon, moi, demain matin, je m’en souviendrai plus ! ». Ou logiques comme Yvonne, 96 ans : « Bois Joly, quel drôle de nom pour une maison de retraite, j’aurais plutôt appelé ça Kenavo ou quelque chose du genre ». Drôles, enfin, comme Marie, 103 ans, sur son fauteuil roulant : « Mais viens donc m’aider, je ne trouve pas le levier de vitesse sur ce fichu tracteur ».?

De bons conseils

On se plonge aussi dans les conseils avisés de nos aînés. Marie, 90 ans : « On n‘apprend rien à l’école. C’est après qu’on apprend » ; Anne-Marie, 96 ans : « J’ai un regret dans la vie, c’est d’avoir fait un mariage de raison et de pas être partie avec mon gentil accordéoniste. Si j’ai un conseil, c’est de suivre son cœur » ; ou Alex, 74 ans : « J’ai eu des médailles mais je ne suis pas fier que ce soit pour faits de guerre et non pour une cause humanitaire, sans le bruit des armes ».

Cette bulle de bonne humeur nous livre un regard différent sur la vieillesse, loin de la tristesse, entre éclats de rire et émotion, entre bonne humeur et humour noir. « Et encore, j’ai édulcoré. Certaines idées étaient vraiment trop noires. J’ai aussi évité les histoires trop tristes… Il y en avait », conclut Caroline.