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« 101 ans Mémé part en vadrouille » dans le Huffpost

Pour sensibiliser à la mort sociale des personnes âgées, je vais sillonner les routes de France

« Vivre cette aventure m’a ouvert les yeux sur le monde de la vieillesse et j’ai envie de me battre pour faire bouger les lignes » explique cette jeune femme.

Sylvain Tesson et Fiona Lauriol lors d’une conférence au siège des Petits Frères des Pauvres à Paris le 18 mai 2022.

VIEILLESSE – Vous avez dû entendre parler de l’histoire de ma grand-mère et moi, sur les routes en camping-car, jusqu’à ses 103 ans, 3 mois et 3 semaines, elle que j’ai récupéré à 100 ans condamnée à une semaine de vie.

Vivre cette aventure m’a ouvert les yeux sur le monde de la vieillesse et j’ai envie de me battre pour faire bouger les lignes. Car, si ce n’est pas la jeunesse qui monte au créneau pour ses anciens, ceux-là même qui étaient présent pour les premiers pas de cette jeunesse, ce n’est certainement pas eux qui pourront hurler leur mal-être car, avant même d’ouvrir la bouche, on les musèlera.

On m’avait dit une semaine pour ma grand-mère, on a vécu plus de trois années de folie, malgré son incontinence, malgré son déambulateur, et on a réussi en camping-car à lui redonner ce si joli sourire.

Faire entendre ma voix pour les personnes âgées

Pour faire entendre mon histoire, je vais sillonner les routes de la France pendant un an, menant des conférences, me rendant dans des associations aussi bien que dans des lycées, pour expliquer que la vieillesse n’est pas une sale maladie, bien au contraire, qu’on n’a pas le droit moral d’enterrer les vieux avant l’heure sous prétexte qu’ils n’ont rien à apporter à la société, qu’on devrait les écouter et les stimuler au lieu de leur offrir un mur blanc comme seul horizon, et que même à 102 ans, on peut assister à son premier concert à Tudela, près du désert des Bardenas, ou croiser un homme tout nu sur une plage hispanique, ou faire le chemin de St Jacques de Compostelle…

Sachez qu’il faut agir maintenant car, on ne dirait pas comme ça, mais ce sera à notre tour, un jour, si on ne fait rien, d’être installé face à ce mur blanc.

«Je ne recherche pas une révolution, simplement une évolution.»

Habituellement je me débrouille seule, mais là, pour ce combat, pour replacer de l’humanité dans nos vies, pour que la prise de conscience soit étendue, pour toucher un maximum de gens, j’ai besoin de vous car je suis persuadée que, vous aussi, vous voulez d’un monde meilleur !

Une annonce officielle

À partir de maintenant et pendant un an, je pars en croisade (avec mes parents qui ont été convaincus par mes arguments) offrir plus de 2000 heures de mon temps pour me battre contre la mort sociale qui touche plus d’un demi million de personnes âgées.

Un demi million, c’est un chiffre qui, à lui seul devrait motiver chacun de nous à trouver des solutions. Imaginez que si tout le monde offre une heure par an, donc 60 millions d’heures pour combattre cette mort sociale, ça fera bouger les lignes. Et une heure dans une année, je ne trouve pas que ce soit utopiste. Moi, à ma petite échelle, je vais sillonner les routes de France pour mener des conférences, aller dans les lycées, dans les associations, rencontrer des politiciens, des hommes religieux, car l’unité est le seul mot d’ordre pour cette cause qui, si on ne fait rien, si on continue à fermer les yeux, nous touchera dans dix, 15, 20 ans et fera de plus en plus de victimes.

Je sais que je n’ai pas de leçons de morale à donner à qui que ce soit, que ce n’est pas en culpabilisant les gens pour changer leur regard que j’arriverai à faire entendre ce murmure de personnes qui meurent en silence, chez eux, dans la totale indifférence de tous ceux qui, pourtant, un jour, les ont côtoyés.

Je ne recherche pas une révolution, simplement une évolution. Eux se sont battus en Mai 68, à nous de nous battre pour leur offrir autre chose que le SDMB (le Syndrome Du Mur Blanc) qui, à lui seul, fait beaucoup de dégâts.

Ni politique, ni religion, car la mort sociale touche tout un chacun

Merci d’avoir pris cinq minutes pour me lire, car si ce soir en rentrant chez vous, vous allez embrasser vos parents, vos grands-parents, votre vieux voisin, j’aurai déjà réussi à faire trembloter les lignes et si dans un an, on se retrouve et qu’ensemble on a réussi à sauver 10-15-20 mille personnes en mort sociale, on pourra tous se regarder dans un miroir et vous pourrez être fiers de vous.

Nous étions donc à Paris le 18 mai pour mener ma première conférence aux Petits Frères des Pauvres avec Sylvain Tesson, à Niort le 21 mai pour la fête européenne du camping-car, à Luçon le 5 juin avec le Père Pedro.