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L’interview de Stéphane Poirier sur Actu.fr

« Dognapping », un roman social à l’humour noir par l’auteur primé Stéphane Poirier

Après le succès de « Rouquine », l’écrivain de Chelles revient avec « Dognapping ». Rencontre avec celui qui veut écrire sur les « perdants magnifiques », les laissés-pour-compte. 

Attablé à la terrasse couverte de l’un des cafés de l’avenue de la Résistance, à Chelles, Stéphane Poirier a le regard vif, le ton enthousiaste. « J’ai passé ma vie à Chelles, entame le romancier en jetant un coup d’œil rapide autour de lui. Je ne passe pas forcément beaucoup de temps dans les cafés, mais ma vie, c’est sûr, elle est ici. »

Dans cette ville de Seine-et-Marne, sa « drôle de vie », comme il aime à la décrire, a commencé par des bifurcations et des chemins de traverse : « Jusqu’en terminale, j’étais plutôt un cancre, entame-t-il. J’ai raté mon bac puis j’ai fini par être pion dans un collège. » De là, il côtoie quotidiennement des enseignants, décide de s’inscrire en licence de lettres et se met à écrire. « J’étais dyslexique et j’avais beaucoup de difficultés en orthographe, mais une fois, un prof nous a demandé d’écrire une nouvelle. Et à partir de là, c’était parti. »

Un premier roman primé

C’était parti, donc. En parallèle des divers emplois qu’il exerce, de professeur en Section d’enseignement général et professionnel adapté (Segpa) à bibliothécaire, Stéphane Poirier se lance dans l’écriture de romans, de pièces de théâtre, de poèmes, avec toujours une même envie : raconter l’histoire « de personnages un peu cabossés par la vie, à qui le destin n’a pas forcément souri, mais qui s’accrochent. »

J’écris l’histoire de personnages un peu cabossés par la vie, à qui le destin n’a pas forcément souri, mais qui s’accrochent

De cette envie est né « Rouquine ». Premier roman de l’auteur chellois à avoir été édité (Presses de la cité), l’ouvrage a remporté le prix Jean Anglade du premier roman en 2021, avant de paraître chez Pocket en 2022. « Ce livre, c’est l’histoire de deux oubliés du bonheur, Lilou et Monty, dont les chemins se croisent alors que rien ne le laissait présager, sourit Stéphane Poirier. Pour la suite, il faudra lire le livre… »

La quête initiatique de trois personnages singuliers

Sur sa lancée et à la faveur de la période Covid, Stéphane Poirier décide de se consacrer pleinement à l’écriture. Du temps qui lui a permis d’imaginer son deuxième roman, « Dognapping », publié aux éditions Blackléphant le 11 mai dernier.

À l’image de son premier livre, le synopsis est intrigant : Hans, Betty et Josef, « trois perdants magnifiques », se retrouvent dans un village de montagne. Après quelques mésaventures, ils se lancent dans le rapt du chien d’une notable de la région contre une demande de rançon. « À partir de là, rien ne se passe comme prévu, s’enthousiasme le romancier. Mais ce qui m’intéressait surtout avec ce roman, c’est vraiment de montrer la quête initiatique de ces trois personnages, qui partagent une amitié d’infortune et qui, contre toute attente, finissent par former une équipe. »

L’écriture, un « processus solitaire »

Son écriture a été le fruit d’un « long processus, souvent assez solitaire, témoigne Stéphane Poirier. Mais ça ne me dérange pas, au contraire, parce qu’écrire, c’est aussi faire un gros travail de déchiffrage sur sa propre histoire, ce qui demande du temps et de l’espace. »